Episode 6 : du “je te veux” au “je t’ai dans la peau”

Episode 6 : du “je te veux” au “je t’ai dans la peau”

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Mini Série

16 Dec 20

Je t’aime.
Je le ressens, c’est comme une onde de chaleur qui nait entre mes seins, et qui s’étend jusqu’à mon cou, jusqu’à le serrer un peu, rendant ma respiration plus difficile, hésitante.
Comme une quête d’immobilité, d’extase. C’est doux comme une caresse qui nous fait frissonner à l’intérieur, et immobile comme un oiseau qui plane dans le silence. C’est un équilibre. Fragile comme tout équilibre : cet instant parfait ou rien ne doit changer pour maintenir l’état béat où l’on a l’impression d’être nourri de l’intérieur par un bourdonnement apaisant.
Je t’aime.
Je pense à toi et je voudrais t’offrir tout ce que j’ai. Je voudrais te faire don de moi, de mon temps, de ma tendresse.
Je veux panser tes blessures et lécher tes larmes, je veux te rendre heureux, t’apporter de la joie.
Je t’aime.
Et mon coeur se pince, ma respiration hésite quand je pense que cette atmosphère cotonnée qui m’enveloppe maintenant pourrait se dissiper.
Tout pourrait s’arrêter ?
Je pourrais perdre cet air qui grise ?
J’angoisse : m’aimes-tu aussi ? J’espionne les signes à la recherche d’une confirmation. Je cherche à rassurer, stabiliser cet état, solidifier cet équilibre fragile et dangereux, vu que j’ai tant mis dans la balance.
Je t’aime.
Mais si en fait ça ne parlait que de moi. En fait, ça n’a même rien à voir avec toi. C’est un nuage d’énergie qui croit de l’intérieur, tellement puissant et envahissant qu’il serre ma gorge.
J’aurais tendance à t’en tenir responsable. Voire à te tenir responsable du fait de maintenir en moi cet état.
Mais c’est là qu’on a faux : il convient d’assumer pleinement sa propre responsabilité, “en cas d’amour”.
Je t’aime.
Et je sens comme ce sentiment n’appartient qu’au présent. Comme il est éphémère, suspendu. Il me faut ne pas respirer trop fort, de peur qu’un souffle puisse le dissiper. Fragile, éthéré. Je ne peux que m’y abandonner en toute confiance, car rien ne pourra le contenir, l’arrimer, l’assujettir. Je dois lâcher prise, m’abandonner, là, où je suis la plus vulnérable, pour épouser pleinement l’immensité de ce sentiment. C’est moi qui veux plus pour toi, c’est moi qui me rends vulnérable. Pas toi.
Je t’aime.
Quel dommage de ne pas oser te le dire, car quelles oreilles seraient heurtées à écouter des mots d’une telle douceur, quel égoïsme ne serait pas infatué de s’enduire de ce baume pour l’orgueil.
Je t’aime.
Alors je couche avec d’autres et je déverse ailleurs cette surdose d’impétuosité, pour ne pas t’étouffer. Pour que tu reprennes tes esprits, pour que tu ne te perdes pas dans les tourbillons de notre relation promise.
Je t’aime.
Je laisse pousser cet amour comme une plante, dont les racines s’emmêlent dans mes poumons et dans mes côtes, dont les branches me percent le cerveau, et le feuillage fait ombre à mes angoisses. Tout est possible. Tout est bien.
Je t’aime.
Mais je ne veux rien de toi.
Je veux tout pour toi.
J’ai libéré cette vague de chaleur, j’ai arrêté de l’enfermer, et je sens qu’elle te remplit, qu’elle te porte, t’accompagne et te soutient. C’est pour ça que je sais que tu m’aimes, parce que tu vibres à ce que je te transmets, tu te baignes dans mes vagues amoureuses et bienveillantes.

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